Micropolluants, vous connaissez ?

De nombreuses substances sont présentes dans nos produits du quotidien. Sans exception, tout le monde est concerné par l’émission de micropolluants de façon directe ou indirecte, avec une incidence néfaste pour la santé et la qualité de la ressource en eau. Pour lutter ensemble, apprenons à connaître cet ennemi micro, mais costaud !

Le 22 mars, c’est la Journée mondiale de l’eau. En 2023, la thématique retenue est « Accélérer le changement ». Quoi de plus logique en cette journée dédiée à une ressource si précieuse, qu’il nous incombe collectivement de préserver à tout prix, que de faire un focus sur les micropolluants. La face cachée de cette pollution, issue de nos modes de vies, doit apparaître au grand jour pour faire pencher la balance vers un environnement de meilleure qualité.

C’est quoi un micropolluant ?

Invisible dans l’eau, un micropolluant est une substance minérale ou organique, synthétique ou naturelle, susceptible d’engendrer des effets indésirables sur les milieux aquatiques et la santé humaine, même à très faible concentration (de l’ordre du microgramme par litre soit l’équivalent d’une cuillère à café dans une piscine olympique), en raison de sa toxicité, de sa persistance et ou de sa bioaccumulation*.

Cette substance indésirable est souvent due à l’activité humaine : détergents, produits d’entretien, cosmétiques, médicaments, carburants, peintures, plastiques… Tous ces produits, utilisés au quotidien (à la maison ou en milieu professionnel), sont responsables de pollution. Qu’elle soit rejetée dans divers compartiments de l’environnement (air, eau et sol), cette pollution se retrouve in fine dans les eaux usées collectées par les stations d’épuration et les eaux pluviales collectées qui se déversent dans le milieu naturel, sans traitement. 

Plus de 100 000 substances chimiques sont référencées en Europe. Actuellement environ 900 substances, considérées comme des micropolluants, sont suivies ou font l’objet d’études.

Pourquoi sensibiliser le grand public ?

© Capture vidéo Méthod’eau – Mathilde Soyer

Des études ont mis en évidence, avec des données concrètes, que même si les industriels, les véhicules et les hôpitaux sont souvent perçus par le grand public comme les principaux responsables de cette pollution, ce sont en fait les ménages et leurs usages domestiques qui sont la source majoritaire des micropolluants retrouvés à l’entrée des stations de traitement des eaux usées (STEU). De plus, il apparait que le flux des micropolluants urbains est aussi largement constitué par les résidus de médicaments.

On s’aperçoit que le terme de « micropolluants » est largement ignoré du grand public car très peu utilisé par les médias, et même les professionnels. Certaines autres familles de polluants lui volent la vedette comme les pesticides, les parabènes ou les perturbateurs endocriniens, qui font l’objet régulièrement d’une information par les journalistes.

© SIARP-Communication
Le terme de « micropolluants est largement ignoré du grand public.

Le SIARP, au travers des missions de contrôle des installations d’assainissement des particuliers, est un acteur de premier plan pour sensibiliser les usagers sur le « petit cycle de l’eau » et les rejets interdits dans les réseaux afin de les guider vers de bonnes pratiques. L’assainissement reste là aussi « une boîte noire » pour le public, la pédagogie reste une valeur sûre pour déconstruire les idées reçues sur le « tout à l’égout », un terme très préjudiciable pour nos réseaux d’assainissement.
Une plaquette a été éditée dans ce sens, tout comme le flyer « Les lingettes, c’est indigeste ».

Micro, mais costauds. Quelles conséquences pour le monde vivant ?

© Méli Mélo

Même avec une infime concentration, les micropolluants ont des effets nuisibles à court ou long terme. Pas toujours perceptibles immédiatement, les conséquences sont parfois irréversibles sur les êtres vivants, impactant les populations sur le long terme, sans oublier une présence persistante dans la nature. À cela s’ajoute parfois des interactions entre substances qui peuvent renforcer leurs effets respectifs : on parle alors d’effet cocktail.

On constate notamment des conséquences sur la reproduction des animaux aquatiques, sans oublier bien sûr les humains, qui se retrouvent au bout de la chaîne alimentaire. Eh oui, se nourrir, c’est aussi absorber des micropolluants ! Leurs concentrations augmentant d’ailleurs d’un bout à l’autre de la chaîne, il est important de souligner, si ce n’est évident, qu’au final, les effets sur la santé humaine ne sont pas négligeables.

Ces derniers, néfastes sur l’homme, sont fortement suspectés, mais rarement avérés en raison de la particularité d’actions de ces substances et au manque de recul sur le long terme. Toutefois, certaines molécules sont clairement toxiques et provoquent des perturbations endocriniennes, des cancers, des troubles neurologiques ou comportementaux.

© AdobeStock

Les stations d’épuration en première ligne pour lutter contre les micropolluants

@ SIARP

Face à une attente sociétale accrue, le ministère de l’Écologie a lancé en 2016 son second plan de lutte contre les micropolluants. La note technique ministérielle RSDE-STEU (2016) (Recherche des substances dangereuses dans l’eau) astreint les collectivités gestionnaires de STEU de plus de 10 000  Équivalents Habitants (EH), ce qui est le cas pour le SIARP avec la STEU de Neuville-sur-Oise, à rechercher une liste de « substances dangereuses » dans les eaux brutes et traitées de la station, et pour celles dépassant les seuils définis, à engager « un diagnostic vers l’amont » pour identifier les sources d’émissions et définir un plan d’actions en vue de les réduire.

Pour le SIARP, concrètement ?

Les campagnes d’analyses réalisées sur la STEU de Neuville-sur-Oise ont mis en évidence vingt-et-un paramètres (molécules ou familles de molécule) dont la concentration ou le flux dépassait la valeur seuil réglementaire.
Pour chaque paramètre, le SIARP a mené des recherches en deux temps afin d’en déterminer l’origine :

  • une recherche bibliographique afin d’en connaitre les principaux usages (domestiques et/ou industriel) ;
  • deux campagnes d’analyse sur dix points du réseaux d’assainissement afin de déterminer les apports de différents bassins versants (habitations, industriels et mixte).

Les résultats obtenus ont permis au SIARP de définir un plan d’actions à mettre en place sur plusieurs années afin de réduire ces micropolluants en fonction des sources identifiées.

De façon générale, et comme on peut le constater sur la problématique des déchets au niveau mondial, il est évident que nous devons tous être impliqués afin de réduire les micropolluants à la source.
 
* Bioaccumulation : capacité de certains organismes à absorber et concentrer dans tout ou une partie de leur organisme certaines substances chimiques, éventuellement rares dans l’environnement.

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